Le cri du cœur d'une maman fatiguée et à cran

29 septembre 2022

Le legging enfilé de travers, le sweat à l’envers et les cheveux emmêlés avec un reste de shampoing mal lavé, je me précipite pour sortir de la douche. Vivien pleure à chaudes larmes. Désemparé, mon mari n’arrive pas à le calmer. Je sens qu'ils s'énervent l’un comme l’autre. Mon mari tente de le bercer, mais rien n’y fait… Ce ne sont à nouveau que mes bras que mon fils veut. Comme d’habitude. Aujourd’hui, cela fait plus de 3 mois que personne ne dort et que je suis la seule capable de réussir à endormir bébé. Quand il a envie de dormir... Quant à moi, la fatigue me gagne de plus en plus...

Dépassée par la fatigue, je suis à cran

Mon rôle de maman est le plus beau des rôles mais le plus compliqué à jouer. Si devenir maman je l’ai rêvé avec intensité, je suis à cran. Tout simplement à cran. Les yeux cernés par la fatigue, je prends donc à nouveau mon fils dans les bras. Il est 22 heures. Je n’ai pas mangé comme d’habitude. La fatigue me coupe la faim. Évidemment, ce soir je dois préparer ma réunion du lendemain car comme par hasard, c’est à moi que l’on a demandé d’annoncer les impératifs des prochains jours pour l’équipe. Certains pourraient me dire : "On est dimanche. Tu as eu deux jours... Oui mais je suis maman. Je sais déjà que ma réponse ne suffira pas..."

Le ventre noué

Je viens donc de prendre ma douche le ventre noué par la peur de laisser mon mari avec Vivien. J’ai eu raison. A peine sortie, l’eau ayant cachée les cris, je n’ai pas pu entendre ce qu’il se passait. Je me dépêche de les rejoindre pour prendre la suite. En regardant mon fils, je sens alors les larmes qui montent. Je l’aime, je l’aime tellement mais je n’en peux plus. Je voudrais qu’il arrive enfin à dormir un peu. Qu'il n’ait pas peur de s’endormir dans son lit. Car jusqu’ici, il ne s’endort que dans son transat, près de moi. Impossible de faire autrement.

Aujourd’hui, plus que les autres jours, ses pleurs ont redoublé d’intensité. Une nouvelle étape pour lui : les dents. Un craquage complet pour moi.

Certains diront que c’est un peu tôt pour les dents, mais cela arrive. Bien sûr que l'on peut avoir les gencives en feu à 3 mois et demi. Comme pour les coliques, bébé peut être totalement inconsolable. Ce qui fut mon cas.

Bébé, maman, papa, inconsolables

Ce soir nous le sommes tous inconsolables. Mon mari ne supporte plus l’entendre hurler, moi je suis épuisée, portant bébé dans mes bras depuis 19 heures 30. Vivien pleure. La scène va durer jusque 23 heures.

Cette soirée c’est celle que nous vivons et re revivons depuis tous les soirs depuis que nous sommes parents. Je sais que les choses vont s’améliorer, je sais que bébé va grandir et gagner en autonomie, je sais tout cela, mais aujourd'hui je me sens incapable de gérer autrement la situation. Incapable de réussir à endormir bébé plus tôt. Incapable c’est le mot que j’utilise car c’est ainsi que je ressens les choses : je me sens incapable. Incapable de l’endormir, incapable de faire plus. Tout simplement. Aujourd’hui, je gère comme je peux la situation, comme je peux cette fatigue outrageusement insupportable. Je gère comme je peux la relation avec mon conjoint qui m’échappe de plus en plus. Car si on nous martèle inlassablement que parents ne doivent pas laisser leur couple sur le banc de touche, laissez-moi vous dire que concilier les deux, c’est compliqué.

Certains diront que je brosse un portrait noir de la famille

.... Alors que non, pas tout. J’évoque aujourd'hui tout simplement un quotidien que de nombreux parents vivent mais qu’ils n’osent mettre en lumière. Bien sûr nous nous aimons, bien sûr nous adorons plus que tout nos enfants, mais des fois, nous perdons pied. Nous sommes fatigués. Fatigués mais heureux, cela peut aller de pair. Il y a des jours où nous avons envie de pleurer, et nous avons le droit. Et il y a des jours où tout est rose (ou presque). C'est cela la vie de parent : une vie de montagnes russes, d'amour, de folie, de peur, de fatigue, d'angoisse, de charge mentale. Mais si on ne changerait pour rien au monde notre place.