La charge affective, le lot invisible des mamans ?

29 septembre 2022

On évoque souvent la charge mentale : penser à tout ce qu’on a à faire, tout le temps, le cerveau qui ne s'arrête jamais de penser et d'anticiper toutes les tâches à accomplir au quotidien. Et puis vient s'ajouter la charge affective qui en est souvent le pendant, mais bien plus discrète que sa grande sœur. Pourtant il faut s’en méfier et apprendre à la cerner pour éviter qu’elle ne nous joue de mauvais tours.

La charge affective, cette overdose d’émotions

Les enfants qui se disputent à peine levés, puis la course pour choper son train, puis une remarque bien corsée d’un collègue et tout ça maintenant en pleine angoisse Covid… Et puis le vase déborde et c’est l’overdose d’émotions dans votre tête. Vous avez envie de craquer, de pleurer, il faut que ça sorte. On appelle ça la charge affective. Un trop plein d’émotions compliqué à gérer, qui vous arrive en pleine figure comme un énorme tsunami. Prises séparément, chacune d’elles peut paraître minime. Ces émotions peuvent nous donner l’impression de porter le poids du monde sur nos épaules ! Encore plus pour celles veulent éviter de froisser les autres, quitte à mettre leur santé mentale en mode survie. Et saviez-vous que ce sont les femmes qui seraient généralement plus susceptibles d’avoir développé un gros terrain empathique ? Ce qui les rend davantage victimes de charge affective.

Moi, maman et ma charge affective

Après des années à essayer d’avoir un bébé, je me suis mise une pression de dingue. Tout le temps chez le pédiatre dès qu’il a un rhume, tout le temps au garde-à-vous quand il avait besoin de moi. J’ai vécu dans la peur. J’ai galéré pour l’avoir et il ne faut pas que je me loupe, c’est ce que je me suis dit, mais je me suis épuisée à vivre dans la peur, dans une émotion qui bouffe et qui bouffe ton conjoint car tu le fais flipper à être tout le temps dans le doute. Tu en perds ta joie de vivre et le bonheur de vivre à fond cette nouvelle vie vraiment top. La charge affective ça ronge ton être mais ça fout le bordel dans ton couple et dans ta relation avec bébé. Car lui, il ressent tout ça.

Zoé, maman d'un garçon de 8 mois.

La charge affective maternelle peut apparaître avant même la grossesse

Elle se cristallise quand on réalise la responsabilité qu’on a de porter la vie et de gérer la santé de bébé dans notre ventre. Car à peine il commence à pousser que si cela se passe mal on se sent coupable. Puis lorsque bébé est né, on s’inquiète de tout. Est-ce que sa couche est bien mise ? Sa purée va lui plaire ? Le bain est assez chaud ? Est-ce qu’il va bien dormir ?

On se sent submergée

Et quand l’entourage s’en mêle, la charge affective peut soudain exploser. Car les fameux "Moi de mon temps, on les laissait pleurer et tout allait bien", "Mais il est tout le temps dans tes bras !", ou "Encore au sein, cet enfant ?" sont pesants. Bref, vous avez cette sensation de devenir une véritable cocotte minute car les émotions bouillonnent dans votre tête et vous ne savez plus où les ranger dans votre cerveau ! Faut-il s’en souvenir ? Pourquoi on me dit tout ça ? Est-ce que je fais les choses mal ?

Les effets de la surcharge affective sur notre santé mentale

Le risque, si on ne relâche jamais toute cette pression, c’est de l’accumuler jusqu’à ce qu’elle nous épuise. Et les possibles répercussions sont multiples :

  • physiques (digestion perturbée, migraines, malaises)
  • mentales (dévalorisation de soi)
  • émotionnelles (inquiétude à outrance).

Les effets pervers de la charge affective ? Elle peut passer complètement inaperçue ! Car derrière un "je suis juste un peu fatiguée" on minimise souvent nos ressentis. Ce qui peut entraîner un plus gros souci et développer un burn-out parental.

Éviter l’explosion affective

Ca bouillonne, ça bouillonne et vous vous sentez au bord de l'explosion émotionnelle. On laisse tout, là par terre. On s’assoit et on médite 2 secondes sur ces pistes :

1. Prendre conscience de ce qu’on vit

Comment développer sa capacité à lâcher prise ?

  • A travers la prise de conscience : on accueille, on exprime et accepte. Et c'est vraiment le plus dur à faire car il faut oser se lancer.
  • Quand on devient conscient de toute la perte d’énergie accumulée dans notre manière de penser tout le temps à un souci. On use de l'énergie pour rien car y penser de manière obsessionnelle ne le résout pas. On appelle cela de la résistance.
  • Quand on se détache ce qu'il nous arrive et de toutes les émotions. On peut permettre à notre cerveau de faire émerger des solutions.

Au lieu de se faire mal aux yeux ce soir en terminant un dossier pas si urgent que ça, on lit la BD "La charge émotionnelle" de la dessinatrice Emma. Cette BD peut vous faire un électrochoc : oui notre quotidien a un impact sur nos émotions et cette surcharge de tâches peut complètement chambouler nos ressentis affectifs.

2. Cultiver les moments de complicité avec ses proches

Pour compenser nos contrariétés et nos inquiétudes, quoi de mieux que de passer de bons moments avec ceux qu’on aime ? Car oui, pas besoin de faire dans l’exceptionnel : aller jouer au parc, profiter de moments tendres avant le coucher, raconter sa journée à table et écouter celle des autres peut suffire ! Et en temps de Covid, rien de tel qu’une bonne visio avec ses copines mamans pour évacuer la pression.

3. Prendre du temps pour soi

Se garder du temps perso est nécessaire pour ne pas perdre pied et ne pas oublier que, oui, on mérite de répondre à ses propres besoins et que, non, ne pas dédier chaque minute de sa journée à son enfant ne fait pas de soi une mauvaise mère.

"Avec mon mari, on s’organise une soirée par semaine où chacun va seul à la salle de sport. Quand j’y vais, c’est direct après le boulot. Dans ce cas-là, c’est lui qui gère les enfants, leur fait à manger, etc. Moi je sais qu’ils sont entre de bonnes mains. Et en plus ça me fait 1h où je lâche la pression. Ça m'a sauvé la vie !"

Hélène, maman de 4 enfants.

Pour Dalila Pilot Hammoud, psychologue, "Une manière très simple d’apprivoiser le lâcher prise consiste à l’opposer à son contraire : le contrôle". Comme le fait notre maman dans ce témoignage.