Parole d'expert : l'alimentation "en pleine conscience" avec son bébé, à quoi ça sert et comment ça marche ?

25 juillet 2019

neophobies alimentaires

Vers 2 ans, la croissance d’un enfant ralentit et il peut alors vous sembler qu’il perd son appétit ou fait la fine bouche à table. Mais ne vous inquiétez pas ! C’est une phase par laquelle passent beaucoup d'enfants (et de parents !).
Alors comment comment éveiller son goût pour une alimentation variée, et lui permettre de manger en pleine conscience ?
Sophie Maisonnier, naturopathe et conseillère en nutrition, nous donne ses précieux conseils

Pour manger en pleine conscience, créez un moment de détente !

Pour que votre enfant soit ouvert aux découvertes du palais, mettre en place une ambiance chaleureuse et conviviale à table sera d'une grande aide ! Comme le rappelle Sophie :

“L’objectif pour que votre enfant développe une relation sereine à la nourriture est de créer un moment agréable où il prend plaisir à participer.
Le repas peut être un temps d’échange et de complicité où votre enfant explore avec vous, communique ses sensations à table, donne son avis sur son assiette...
En le rendant ludique, votre enfant aura plaisir à mettre les pieds sous la table et à y rester.”

De plus, le fait que vous soyez là aussi à table avec lui pour partager ce moment gourmand, et le rendre encore plus savoureux. Le temps des repas avec lui sont aussi importants, car ils forgent les habitudes alimentaires petit à petit.

"Si votre enfant ne mange pas en même temps que vous, vous pouvez malgré tout partager ce moment avec lui : sans écran, sans distractions, en considérant que c’est une activité à part entière avec lui - comme lire un livre par exemple.
Et si votre enfant vous voit manger comme lui des légumes à chaque repas, il aura sûrement plus de facilité à intégrer le fait qu’une alimentation équilibrée comprenne des pâtes, du riz, de la viande et aussi des légumes..." explique Sophie.

Jouez avec les saveurs, couleurs et textures

En créant un contexte ludique à table, on peut bien souvent relancer le faible appétit de son enfant. C’est le moment de jouer, non pas avec la nourriture, mais avec les saveurs ! Vers 2 ans, vous avez peut-être remarqué que votre enfant n’a peut-être qu’une idée en tête : jouer !
Vous pouvez par exemple jouer avec la couleur des aliments pour éveiller sa curiosité :
- lui faire choisir la couleur de ses tomates
- lui montrer les différentes variétés d’un légume.
Vous pouvez aussi jouer avec les textures des aliments en proposant des mises en forme originales dont vous seul avez le secret : cru, cuit, en purée, en chips...

Astuce de Sophie

Les tout-petits aiment les assiettes claires et lisibles, avec des aliments facilement identifiables. Cela leur permet de savoir ce qu’ils mangent, de choisir leurs ingrédients et l’ordre dans lequel ils les mangent.
Restez simples dans la préparation des plats : vous avez plus de chances que votre enfant finisse une assiette contenant du riz et des tomates cerises, plutôt qu’un gratin au curry vert.

Acceptez qu’il s’affirme, même dans son alimentation

Vers 2 ans ou 3 ans, votre enfant a grandi. Il a envie d’explorer, de jouer et a besoin de s’affirmer. Votre tout-petit peut donc être plus distrait et il peut aussi se permettre d’utiliser la nourriture pour exprimer son désir d’autonomie.Pour Sophie :

“Refuser des aliments lui donne un nouveau pouvoir. Il est important de respecter ses refus. Vous l’encouragez ainsi à s’affirmer et à devenir de plus en plus autonome.”

Pendant cette période, c’est un moment où il est important de proposer un cadre à la fois bienveillant et doux, tout en étant clair et ferme sur les règles du déroulement des repas. L’enfant commence à tester les limites de l’autorité parentale et le moment du repas et le temps idéal pour le faire !
Restez flexible et patient, tout en étant clair sur le fait que le repas se déroule ici (à table) et maintenant (et pas sous forme de biscuits une heure plus tard...). Si votre enfant préfère retourner jouer après 3 micro bouchées, rappelez-le à table avec douceur et encouragez-le à continuer à manger. Ne forcez pas, et ne cédez pas : si vous doutez sur le fait qu'il est capable de rester assis, rappelez-vous qu'il sait le faire le midi à la crèche sans difficulté.

Pour qu'il mange en pleine conscience, respectez son appétit

Les tout-petits ne se privent jamais de l’énergie dont ils ont besoin pour jouer et apprendre !Certains parents ont l’impression que leur enfant ne mange pas, mais après avoir calculé ce que leur tout-petit avale au cours d’une journée, ils se rendent compte qu'il a mangé tout ce dont il avait besoin. Tant que sa courbe de croissance est normale, il n'y a pas de raison de s'inquiéter.
Sachez-le : plus vous manifesterez de l'inquiétude et des exigences, plus votre enfant résistera. C'est normal : il est en pleine période d'opposition!
De plus, il risque de développer une mauvaise relation avec la nourriture. Il pourrait notamment manger en surplus pour vous faire plaisir et obtenir votre affection, ou il refusera de manger s’il éprouve trop de pression.Comme le dit Sophie :

L’enfant mange pour lui, pas pour ses parents, d’où l’importance de ne pas entrer dans des relations de chantage du type:
“tu auras du dessert si tu manges encore une fourchette de haricots verts”.

Pour les mêmes raisons, le dessert n’est pas une récompense en soi, mais fait partie d’un menu complet, au même titre que l’entrée et le plat.
Si votre enfant n’a pas faim pour son crumble de courgettes, il peut quand même avoir le dessert prévu, sans être pénalisé. Un dessert équilibré (un fruit, un yahourt nature...) contribue aussi à combler ses besoins alimentaires. En essayant dans la mesure du possible de proposer un horaire de repas au moment où vous observez que l’enfant a faim, vous maximisez ses chances de le faire manger.

Astuce de Sophie

Ecoutez les signaux de faim de votre enfant tout en gardant une régularité dont il a besoin ! Parfois, il suffit d’avancer ou de reculer le diner d’1/4 d’heure et miraculeusement l’enfant est capable de rester 20 minutes à table et de manger son plat sans aucune difficulté...

Mille mercis à Sophie Maisonnier, notre experte en nutrition. Et p our en savoir plus, retrouvez-là sur son site www.ateliercibis.com