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La prématurité c’est une parentalité puissance 1000 à laquelle on ne s'attend pas du tout. De la joie de la grossesse à la peur du futur, Léa Djadja et son mari le chanteur Black M ont vécu la prématurité extrême de leur fils de manière totalement inattendue. Léa était enceinte d'à peine 6 mois quand leur bébé est né. Ensemble, ils ont alors plongé brutalement, sans y être préparés, dans une parentalité bouleversante, pleine de courage et de détermination. A cœur ouvert, Léa se confie aujourd’hui sur cet accouchement qui a changé sa vie il y a 10 ans.
Ma grossesse a débuté tout à fait normalement. Rien de suspect durant mes six premiers mois. Puis, sans prévenir, j’ai eu des contractions très fortes et douloureuses. Des douleurs au point d’en appeler les pompiers qui m’ont tout de suite amené à l’hôpital pour m’annoncer qu’il fallait que j’accouche. Un accouchement prématuré à 26 semaines d'aménorrhée totalement inattendu.
Jusqu'à ma rencontre avec un gynécologue spécialisé quelques années plus tard qui m’a diagnostiqué un col court et donc une obligation de cerclage pour mes prochaines grossesses.
Suite à l’accouchement, mon fils a tout de suite été mis en couveuse. Il a été pris en charge rapidement et j’avais accès à sa chambre 24 heures sur 24 quand je le souhaitais. Il n’en est sorti que quatre mois après, suite aux soins et à l’attention de tous les professionnels de santé autour de lui. Si nous avons été bien entourés à l’hôpital, je pense malgré tout qu’il y a encore, malheureusement, trop peu d’informations autour de la prématurité… Car dès mon retour à la maison, je me suis sentie seule dans cette épreuve. Je ne savais pas par où commencer. Et surtout, je ne connaissais pas les conséquences de cet accouchement hors du commun.
Je faisais des allers et retours quotidiens entre la chambre d’hôpital et notre appartement. Nous avions tous les jours à notre arrivée un compte rendu de ce qu’il se passait quand nous n’étions pas avec lui. Les infirmières prenaient leur rôle très au sérieux et prêtaient une attention particulière aux enfants quand les parents étaient absents. Elles nous laissaient également énormément d’intimité avec lui quand nous étions présents pour pouvoir dès le départ, construire une réelle relation parents/enfants.
Comme son état s'améliorait de jour en jour, ils ont pris la décision de nous laisser rentrer à la maison. Nous avons continué les soins à domicile avec des rendez-vous de suivi régulier. Pendant ces quatre mois à la maternité j’ai pu mettre en place, étape par étape, une routine adaptée à mon fils. Une fois rentrée à la maison, il m'a suffi de continuer à la suivre. Et puis c’est à cet instant que je me suis dit : ça y est, ça commence pour de vrai !
À la maison une fois que nous étions sûrs qu’il ne ferait plus de tachycardie, mais pas encore assez rassurés, nous nous sommes quand même muni d’un électrocardiogramme portable ainsi qu’un respirateur. Nous avions également quelques bouteilles d’oxygène que nous avons utilisé encore pendant trois mois.
C’est impossible de se préparer à tout cela vous savez. Devenir parent se fait sur le tas. Chaque petit être est différent, avec son propre caractère, ce qui ne nous permet pas d’anticiper ni ses besoins, ni ses attentes. Je me suis formée jour après jour du coup quand mon fils est né. J’ai expérimenté plein de choses pour m’adapter à ses préférences. Il y avait des périodes plus faciles que d’autres, mais quand on garde en tête qu'elles sont temporaires, on tient le coup.
Il est aujourd’hui en pleine forme et pour l’accompagner dans ses apprentissages, j’ai choisi de le mettre dans une école où on privilégie la sensibilité de l’enfant. Comme les docteurs l’ont annoncé, les enfants prématurés sont plus fragiles. Ils ressentent les émotions de manière plus exacerbée. C’est pour cela que j’utilise au quotidien des exercices ritualisés qui lui apportent un cadre. Je le fais également avec ma fille. Ça les rend éveillés et curieux, et j’en suis très fière.
J’ai toujours eu un regard inquiet sur mon fils en espérant qu’il ne lui arrive rien. Et je suis impressionnée chaque jour en le regardant. Il vient d’avoir 10 ans et il me prouve quotidiennement que je peux lui faire confiance. Alors maintenant je lâche tout doucement prise, et je suis fière de lui.
Je suis fière également d'avoir suivi mon instinct car aujourd’hui l’information et la désinformations peuvent être une surcharge dans l’éducation de son enfant. J’ai préféré me laisser guider en premier par mes ressentis et me référer à des professionnels quand j’avais des doutes. Avec mes enfants j’apprends tous les jours. J'apprends à mieux les connaître au quotidien également. Ce qui me permet de m’adapter à eux pour leur fournir le maximum de connaissances avant leur indépendance.
C’est grâce à lui que je suis devenue celle que je suis aujourd’hui. Il m’a donné la plus belle des leçons en se battant dès sa naissance. Être maman d’un enfant prématuré, c’est une épreuve de courage. Alors si je dois partager une seule chose avec les parents : c’est qu’il faut faire confiance à son enfant. Montrez-lui que vous êtes présent pour lui apporter un maximum d’amour. Et surtout ne jamais lâcher. Même si le silence des médecins fait parfois peur, il faut y croire pour que votre enfant y croit aussi.