Pourquoi et comment supprimer le chantage dans l’éducation des enfants ?

29 septembre 2022

“Je te préviens si tu te lèves de table maintenant, alors tu ne manges plus jusqu’au goûter”, “si tu ne ranges pas le bazar que tu as fait dans le salon, alors c’est non pour le parc”, “si tu es sage dans le magasin, alors tu pourras repartir avec un jouet”... Ce genre de scènes, ça vous parle ? C'est normal, elles sont le quotidien de beaucoup de parents. Mais si elles peuvent paraître complètement banales, elles cachent en fait un mot qui fait grincer des dents : le chantage. Mais d’abord, mettons-nous d’accord…

Le chantage, on entend quoi par là exactement ?

C’est lorsqu’on utilise un système de récompenses et de punitions pour forcer l’enfant à faire quelque chose plutôt qu’une autre. Au niveau du langage, le chantage se formule souvent sous la forme “si… alors...”.

Mais si ça marche pour éduquer mon enfant, ça pose réellement un problème ?

Dans les premiers temps, le chantage peut en effet s'avérer efficace. Mais ce n’est pas le cas à plus long terme. Et ce, pour plusieurs raisons :

  • les récompenses perdent peu à peu de leur valeur et le plaisir se manifeste sous la forme d'un acte intéressé qui se marchande. Pas très réjouissant, n'est-ce pas ?
  • le chantage peut alimenter chez l'enfant la peur de décevoir ses parents, très commune aux alentours de 8 ans. Il lui donne l’impression que l’on remet en doute ses capacités à progresser.
  • il les pousse également à écouter davantage leur environnement extérieur (regard des autres, plaisir matériel) que leur voix intérieure (écoute de ses émotions et de ses envies). Nous parents avons souvent du mal à nous défaire du regard des autres. Ce serait dommage de leur transmettre nos propres luttes, non ?
  • il diminue la sensation de responsabilité individuelle et la prise d’initiatives. Ce que bon nombre de parents apprécierait pourtant !
  • il leur apprend que le résultat vaut plus que le processus, avec le risque de ne plus savoir apprécier ce qu'ils ont et ce qu'ils font au présent.

OK, le chantage, c’est pas cool. Mais c’est naturel, ça sort tout seul ! Je sais pas par quoi le remplacer.

Il existe plusieurs possibilités. En plus, elles aident l'enfant à être acteur et se rendre compte du poids de ses actions. A vous de les tester et de voir ce qui vous convient le mieux :

  • laisser les enfants faire leur choix entre deux alternatives ( “tu préfères d’abord mettre ton pyjama ou te brosser les dents ?”, “tu préfères continuer à jouer au ballon mais dehors ou rester à l’intérieur mais faire autre chose” ?)
  • leur demander quelles solutions ils proposent pour régler le problème ( “tu veux qu’on aille au parc, et je veux que tu enlèves tes jouets du salon, comment on fait pour que tout le monde soit content ?”). Le parent peut bien entendu suggérer des pistes mais c’est ensemble que la solution finale est prise.
  • leur indiquer comment ils peuvent obtenir ce qu'ils veulent,notamment en se rendant utiles ( “si tu vas chercher de la farine pour moi, j’aurai fini plus vite, et on pourra jouer plus tôt ensemble”)
  • remplacer “si” par “dès que” ( “dès que tu auras terminé ton assiette, tu pourras avoir ton dessert”). Il n’est plus question d’une contrainte mais d’une question de temps. La condition subie devient une assurance encourageante pour les enfants.
  • les prévenir des conséquences de leur comportement. Et s’ils font le choix de poursuivre leur comportement, on les laisse expérimenter et apprendre d’eux-mêmes les résultantes de leurs actions (tant que ça ne les met pas eux ou une tierce personne en danger). Par exemple, si un enfant met le pot de peinture trop près du bord de la table, au lieu de leur dire : “remet-le au centre de la table ou alors arrête d’y jouer”, on peut dire : “attention, ton pot de peinture est près du bord, il risque de tomber. Et si ça se renverse, c’est toi qui nettoies !” Décrire à l’avance les possibles conséquences d’une action, si elles sont logiques, justes pour l’enfant comme pour l’adulte, et fermes mais bienveillantes, participe à une éducation positive. Et cette bienveillance se manifeste sous un accompagnement. Lui indiquer où se trouve de quoi nettoyer la peinture, l’accompagner lorsqu’il va s’excuser auprès d’une autre personne, l’encourager avec des mots...

Ce n'est pas très naturel comme système...

C'est vrai, travailler sa pédagogie demande des efforts. Aussi lorsqu’un enfant facilite la tâche de tout le monde en faisant quelque chose spontanément, n’oubliez pas de lui partager ce que vous ressentez ! Cela pourrait bien lui donner envie de recommencer... Non pas pour ne pas être puni mais bien pour vous faire plaisir !

Et bien sûr, vous pouvez toujours lui faire des surprises, de temps en temps ! Ces témoignages d’affection seront bien plus appréciés que lorsqu'ils sont marchandés, promis.