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Une mère assise dans un fauteuil confortable, un coussin d’allaitement sur le bras, et son bébé qui s’endort dans son étreinte, quel beau tableau… Jusqu'à ce que débarque une armée de proches qui y vont chacun de leurs “bons conseils”. La pression monte avec les semaines qui passent, comme si le secret d'une vie réussie résidait dans l'évitement de la "dépendance" et notamment des "mauvaises habitudes" de coucher.
Dormir, être nourri, recevoir de l’affection, sont autant de besoins essentiels, fondamentaux au bon développement du bébé. Et le devoir d’un parent est d’y répondre, en qualité et en quantité. Alors priver son enfant de ses bras encore nourrisson ? Le laisser s’époumoner ? Refuser à tout prix le cododo ? Refuser de s'allonger à leurs côtés dans leur lit une fois plus grand ? Le tout, dans le but de le pousser vers l’autonomie à quelques mois seulement de vie. Est-ce que c’est vraiment ça, les “bons conseils” ?
Sur les forums, dans les médias, on trouve plein d’astuces pour aider les parents à favoriser le sommeil et l’endormissement de leurs enfants : l’endormissement dans le lit des parents, dans leurs bras ou à leurs côtés, l’endormissement au sein… Est également dénoncé l'usage de machines à bruits blancs et d'audios comme ceux du bruit des vagues. Mais ces idées, censées améliorer la vie des parents, sont souvent tout aussi condamnées en tant que "mauvaises habitudes" de coucher. La raison ? Elles pourraient créer de la "dépendance", c'est-à-dire rendre l’endormissement sans outil ou sans le ou les parents impossible.
Ces rituels, au fond, ne correspondent-ils pas aux “bonnes habitudes” ? Ils calment l’enfant et permettent la création de routines, qui sont grandement conseillées pour habituer le bébé à s’endormir facilement, apaisé et/ou seul. Au lieu d'y voir un mal, s’allonger aux côtés de son enfant peut-être vu comme un moment de qualité. On prend le temps de se câliner et de se parler après une journée chargée, entre deux activités extra-scolaires, le repas, le bain et les devoirs. Une petite bulle d’apaisement, de partage et de câlins en somme.
J’ai pris l’habitude de m’allonger dans le lit d’un de mes deux fils chaque soir. Ils me racontent leur journée, me disent ce qu’ils voudraient faire comme prochaine sortie tous ensemble… Oui, on se parle, oui, ça veut dire qu’ils sont “grands” (7 et 3 ans). Oui, ils se sont habitués à m’avoir à leurs côtés pour s’endormir… Mais est-ce qu’on peut vraiment leur reprocher de s’habituer à quelque chose qu’ils aiment et leur fait du bien ? Et qui me fait du bien aussi d’ailleurs ! Partager de l'affection au moment où on laisse petit à petit tomber sa garde pour s'endormir en toute confiance, ce n’est pas un caprice. C’est un besoin.
Samira, 27 ans, maman d’Alix et Ismaël, 7 et 3 ans.
Moi aussi, j’avais des “principes”. Mais je suis devenu un parent en manque de sommeil, qui a vu sa fille manquer tout autant de sommeil. Alors j’ai mis à bas mes idées rigides et j’ai décidé de me laisser porter, sans me poser plus de questions. Je ne l’ai même pas vraiment décidé en fait, c’était une nécessité, pour nous tous, pour notre équilibre, notre santé, notre famille. Et maintenant, quand je vois le visage endormi et apaisé d’Amary, sans restes de larmes au coin des yeux, je me demande pourquoi je nous ai laissés souffrir au nom de “principes”.
Hugues, 31 ans, père d'Amary, 17 mois.
Quand on a son premier enfant, on n’a pas encore connu la réalité du terrain, et pour se rassurer on se projette avec son imagination et ses lectures et on en déduit des règles à suivre absolument… Et puis ensuite, on expérimente, on lâche un peu du leste, souvent avec un petit sentiment de culpabilité de ne pas être notre vision du parent idéal. "Pourquoi je ne peux pas canaliser mon enfant ? Est-ce que je ne suis pas assez fort-e pour le laisser s’endormir tout seul ?”. Et puis on se rend compte que ce n’est pas si grave en fin de compte et que ces “mauvaises habitudes” de coucher finalement rime avec une relation parent/enfant plus apaisée. Parce que vous êtes le plus à même de vous rendre compte des besoins de votre tout-petit. Parce qu’obtenir ce dont on a besoin des personnes que l’on aime nous rend heureux-ses.
On m’avait dit que j’allais lui donner de mauvaises habitudes. On m’avait dit “fais attention, elle va y prendre goût.” Oui et ? Aimer quelque chose qui nous fait du bien, c'est normal ! Moi, je crois que je lui ai donné confiance. Confiance en l’importance de ses besoins et désirs, confiance en son entourage et son environnement. Ce qui lui permet d’aller explorer chaque jour un peu plus loin, car elle sait qu’elle sera toujours en sécurité à nos côtés.
Manon, maman de Salomé, 18 mois.