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29 septembre 2022

En juillet 2019, votre vie bascule avec l'annonce de ce cancer. Vous êtes déjà maman à cette époque, comment avez-vous vécu cette annonce, comment avez-vous réagi ?
Ça a été un choc : quand on entend le mot cancer, forcément, on a peur et on imagine le pire. J’ai heureusement su assez rapidement qu’il était de bon pronostic, j’ai essayé de rester rationnelle et de me dire que les statistiques étaient de mon côté. Mon fils avait 15 mois à l’époque, il m’a aidée à rester ancrée dans le quotidien.

D'ailleurs, comment avez-vous su que vous étiez malade ?
J’ai senti une masse dans mon sein, une boule assez grosse à partir de janvier 2019. J’ai d’abord cru que c’était lié à l’allaitement puis, voyant que ça n’évoluait pas au bout de quelques semaines, que ça ne grossissait ou ne diminuait pas en fonction des tétées, je me suis décidée à consulter une sage-femme, qui m’a prescrit une échographie du sein. Puis, j’ai suivi le parcours « classique » : échographie, mammographie puis biopsie. Et enfin, les résultats…

Le rapport au corps n'est plus le même, non plus... ?

J’ai la chance d’avoir une médecin généraliste très empathique et psychologue qui a prononcé une phrase que je répète souvent et qui m’a vraiment aidée à accepter ma mastectomie. Elle m’a dit « Quand j’ausculte une femme qui a été opérée, je ne vois pas un sein en moins, je vois une vie sauvée ».
Et puis, dès que j’ai su que cette boule était un cancer, je n’attendais plus qu’une chose : qu’on me l’enlève. Mon sein n’était déjà plus mon sein, il était la maladie qui potentiellement pouvait m’empêcher de voir grandir mon fils. J’ai forcément eu un petit choc en découvrant ma cicatrice mais c’est très vite passé, et je vis aujourd’hui très bien « à plat ».

Vous apprenez votre cancer, c'est un choc, racontez-vous à votre enfant ce qu'il vous arrive car c'était un bébé à l'époque ? Peu importe l'âge les enfants ressentent les choses, ça a été le cas pour votre enfant ?
Je lui ai expliqué tout de suite, avec des mots qu’il pouvait comprendre et en restant toujours optimiste. Je n’ai pas l’impression qu’il ait été particulièrement inquiet, on a malgré tout essayé de le protéger, de ne pas craquer devant lui. Je me disais « Si je dois mourir dans quelques mois, je dois faire de chaque jour passé avec lui une fête ».
Ça lui arrive de me demander pourquoi j’ai une cicatrice et je lui dis que mon sein était malade et qu’il a fallu le retirer. Aujourd’hui il sait que sa maman a un seul téton et il trouve ma cicatrice jolie :)

Aujourd'hui vous partagez ce bonheur d'avoir guéri et de porter à nouveau la vie, comment vous sentez-vous ?
J’ai toujours dans un coin de la tête la peur d’une récidive. Mon cancer étant apparu en plein allaitement, je me dis que ça pourrait recommencer… Mais je sais aussi que la vie est courte et que je n’ai pas de temps à perdre avec des émotions négatives :) Alors j’essaie d’en profiter au maximum ! Et puis je suis bien suivie par une gynécologue et une oncologue, qui sont très rassurantes.

Vous pensiez pouvoir à nouveau être enceinte un jour ? Que vous ont dit les experts ? D'ailleurs vous avaient-ils incité à congeler vos ovocytes ? A vous évoquer la fertilité ?
J’ai eu la chance (si je puis dire ^^) d’avoir un cancer « in situ », c’est à dire localisé uniquement dans le sein, et ne nécessitant ni chimiothérapie ni radiothérapie ni hormonothérapie. Mon seul traitement a été la mastectomie. Ma fertilité n’a donc pas été impactée.

Avez-vous des craintes ? Par rapport à votre corps ?
Avez-vous un suivi plus précis qu'une autre femme enceinte ?
Il est déconseillé de faire des mammographies et échographies pendant la grossesse donc mon suivi est un peu « en pause ». De par la nature de mon cancer, je ne suis pas considérée comme beaucoup plus à risque qu’une autre femme.

Enceinte après un cancer du sein et après avoir allaité votre premier enfant, savez-vous si vous aurez de nouveau le droit d'allaiter ou si vous avez des dispositions particulières à mettre en place si on vous en donne la possibilité ?
Je compte bien allaiter mon deuxième enfant, avec mon sein restant : c’est normalement tout à fait possible. Cependant, je ne suis pas sure de parvenir à allaiter aussi longtemps que pour mon fils (je l’ai allaité 18 mois) : l’allaitement rend les clichés de mammographie moins facilement exploitables et je ne veux pas mettre mon suivi en pause trop longtemps. Je verrai au feeling et selon l’avis des médecins.

Comment voyez-vous la vie de parent aujourd'hui après un cancer ? Avez-vous une vision à l'opposé de ce que vous vouliez partager, inculquer, une vision différente de la manière dont vous la vivez au début ?
Ça m’a aidée à beaucoup relativiser, à prioriser aussi. Je n’ai pas fondamentalement changé de vision mais je suis peut être plus cool sur certaines choses. Je passe parfois pour une maman permissive, mais j’ai eu tellement peur de ne pas voir grandir mon fils que je lâche du lest sur ce qui ne me semble pas important. En revanche, je m’étais beaucoup oubliée en devenant maman et ça a aussi été une piqure de rappel, j’essaie de ne plus jamais faire passer ma santé, physique ou mentale, après mon fils.
On rappelle aux mamans tous les gestes capitaux à faire pour éviter et/ou détecter un cancer le plus tôt possible ?
Le geste le plus simple à mettre en œuvre est bien sur l’auto-palpation, une fois par mois. Il y a plein de tutos sur Internet. On ne sait parfois pas comment s’y prendre donc on préfère ne pas le faire du tout, mais même faite de façon imparfaite, la palpation est primordiale : ça permet de connaître ses seins et de remarquer le moindre changement s’il survient.
Et puis un suivi chez un professionnel (sage-femme, gyneco, généraliste), une fois par an. On consulte aussi au moindre doute : écoulement, changement de forme du sein, sensation d’une boule, sensation de chaleur, rougeur… Il ne faut surtout pas laisser traîner car le temps est précieux, le cancer peut progresser rapidement, surtout quand on est jeune.
On parle beaucoup du cancer du sein mais il y a aussi d’autres cancers, donc pensez aussi au frottis tous les trois ans :) Et pour les hommes, la palpation des testicules est aussi une bonne habitude à prendre !
Prenez soin de vous !