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Etre maman. Moi qui en ait rêvé nuit et jour, jour et nuit avec force, moi qui croyais que jamais je n’aurai le droit de goûter à ce bonheur... Aujourd’hui je vis cette vie de maman tant désirée avec passion… Mais parfois, même souvent, avec épuisement. Épuisée par le poids de cette charge mentale qui me fait plier un peu plus chaque jour. Fatiguée, je ne dois pourtant pas me plaindre. Mes enfants je les ai voulu, je les ai rêvé. Aujourd’hui j’avance avec une muselière sur le visage de peur de me plaindre, de peur de me confier quand je vais mal, craignant qu’on ne remette à ma place avec des : “vous avez fait des enfants, vous devez les assumer”.
Marlène,
Maman de 2 enfants.
En société, si vous vous plaignez, vous avez tendance à passer pour une personne dotée d’un caractère peu combatif. Vous avez l’impression de passer pour une feignante. Il arrive que certains jours j’ai justement envie de me plaindre, simplement pour exorciser un peu le trop-plein de fatigue accumulé en moi.
Mais, voilà, je n’ose pas... Pourquoi ? La peur tout simplement. La peur de m’entendre dire “Mais tu croyais quoi en devenant parent”, “C’est cela être parent”, “Oh arrête de te plaindre, tu as ton mari pour t'aider, tu n'es pas seule toi”, “Oh arrête, on y est passé avant, on a survécu, prends un peu sur toi tu es adulte…”.
Vider son sac, voilà ce que je lis partout dans la presse : “Si ça ne va pas, évoquez-le. Communiquez avec vos proches. Cela vous fera le plus grand bien. Ils vous comprendront, ils vous pouvoir vous épauler et éviter que vous ne tombiez dans un burn out maternel”. Vous quoi ? Épauler, laissez-moi rire. Évoquer mon mal-être avec mes proches c’est me faire remettre à ma place me faisant comprendre que mes enfants je les ai voulu, que je dois les assumer et que si je suis fatiguée c’est normal et je dois faire avec.
Si mes enfants sont toute ma vie, je ressens parfois le besoin de souffler, de mettre cette charge mentale et maternelle sur le banc de touche. Lui demander de me laisser respirer ne serait-ce que 2 minutes, toute seule. Mais je n’ose pas. Je sens en moi monter une adrénaline de culpabilité monumentale.
Avant, prendre du temps pour moi me semblait logique. Maintenant que je suis maman, prendre du temps pour moi me parait totalement déplacé.
Prendre du temps pour moi c’est perdre du temps à faire autre chose pour ma famille, pour mon boulot, et voire quand je peux, à rendre service à mes parents. Et moi ? Ca attendra. Cette culpabilité s’ajoute à cette fatigue pesante et envahissante. Il est vraiment compliqué de se défaire de tout cela quand on est maman.
Si aujourd’hui la parole se délit peu à peu, je trouve toujours qu’au sein même d’une famille cela reste tabou. On en discute sur les réseaux, avec des inconnus, mais dans la cellule familiale, avec les parents, les grands-parents, les oncles, les tantes... le dire, mettre des mots sur la fatigue parentale, sur ce mythe de la parentalité enchantée, reste compliqué. Car on a plus l’impression de passer pour une mauvaise mère. J'ai l'impression d'être une sorte de trentenaire qui a envie de se défaire de son nouveau quotidien pour aller s’éclater comme une ado. Mais non pourtant.
C’est être écoutée, soutenue et parfois entendre ce type de mots : "Vous amuser, vous défaire de vos responsabilités de temps en temps, oui, vous avez le droit. Oui vous pouvez et oui on va vous aider". Car la vie c’est vivre, c’est aimer, c’est s’amuser, c’est être certes maman à temps plein, mais avec des instants qui doivent de temps en temps n’appartenir qu’à vous pour continuer à exercer ce métier à vie, dans la bienveillance, en étant bien dans son corps et ses baskets.