“Allaiter avec un seul sein après mon cancer : des débuts compliqués puis le déclic”

06 octobre 2022

“Allaiter avec un seul sein après mon cancer : des débuts compliqués puis le déclic”

Souvenez-vous…. Juliette avait témoigné à cœur ouvert chez JOONE sur son parcours contre le cancer du sein. Alors jeune et en bonne santé, cette maladie sournoise avait chamboulée la vie de cette maman. Lorsque nous l’avions interviewée, Juliette était sortie victorieuse de son combat contre la maladie et attendait un heureux événement. Elle s’était fait une promesse : allaiter son deuxième bébé aussi longtemps qu’elle le pourrait malgré sa mastectomie et ce nouveau rapport au corps.



Découvrez nos retrouvailles avec Juliette, maman épanouie de Louison 4 ans, et Léonie 8 mois.

 

 

Une deuxième grossesse sereine

 

Je n'ai pas eu de suivi particulier par rapport à mon cancer du sein. Celui-ci n'était pas hormono-dépendant et à part la mastectomie, je n'avais eu aucun traitement adjuvant. On m'avait juste demandé d'attendre 2 ou 3 ans avant d'envisager une nouvelle grossesse. Enceinte, j’ai simplement décalé mes examens de contrôle (mammographies et échographies) et mon suivi a été fait comme pour ma première grossesse, par une sage-femme. J'ai donc vécu une grossesse "normale", avec son lot de petits maux, mais aussi avec beaucoup de détente et de bonheur. J'ai repris ma surveillance classique après mon accouchement : un rendez-vous tous les six mois avec une oncologue et une gynécologue.

 

Un accouchement de rêve

 

Cela s’est déroulé avec une sage-femme extra. Léonie est sortie en 4 minutes, elle était ultra déterminée. On a fait du peau à peau pendant deux heures, et je n'ai eu absolument aucune complication. Je suis sortie de la salle d'accouchement en marchant. Je me sentais même mieux juste après avoir accouché que pendant la fin de ma grossesse !



Tout le monde a été aux petits soins à la maternité, et je les en remercie. L’équipe avait été briefée sur mes antécédents et personne n'a fait d'impair qui semble anecdotique mais qui te rappelle ta maladie : la sage-femme qui te demanderait si tu donnes bien les deux seins à ton bébé par exemple...

 

Des débuts d’allaitement compliqués après mon cancer du sein

 

Léonie n'arrivait pas à s'accrocher au sein. Elle ne tétait pas correctement et ma montée de lait tardait à arriver. J'ai donc commencé à paniquer... Je me suis dit que j'avais peut-être été trop optimiste en pensant qu'allaiter avec un sein serait possible.



Mon bébé a donc été complémentée au lait maternisé dès les premiers jours de sa naissance. Moi, je tirais mon lait toutes les 3 heures, jour et nuit, pour essayer de lancer la machine. Je suis allée voir une consultante en lactation qui m'a donné un plan d'action, mais j'ai failli abandonner au bout d'un mois. J’étais épuisée et je n'avais pas l'impression que ça s'améliorait. Une généraliste m'a aussi fait douter en me demandant si j'étais sûre de pouvoir nourrir mon bébé avec un seul sein. Elle semblait dubitative et ça m'a beaucoup ébranlée. Dans cette période de fragilité qu'est le post-partum, ce n'est pas facile de voir un médecin douter de votre capacité à mener à bien votre projet d'allaitement.

 

Et puis il y a eu un déclic, presque du jour au lendemain !

 

Tout ce qu'on avait mis en place depuis sa naissance (le tire-lait, la section du frein de langue, des séances d'ostéopathie, du peau à peau etc...) a porté ses fruits, et je suis passée en allaitement exclusif à 1 mois. J'avais assez de lait, elle arrivait à bien téter... Ça fait maintenant 8 mois que j'allaite Léonie, et ça roule tout seul. C'est un beau bébé joufflu et je suis super fière de ce qu'on a accompli toutes les deux.

 

Pour réussir mon allaitement

 

Surtout bien veiller à ce que le bébé soit bien positionné quand on allaite. C’est valable quand on a deux seins aussi, mais une mauvaise position peut entraîner des crevasses. Quand on a deux seins, on peut alterner pour soulager un peu le sein blessé, mais quand on en a un seul, il n'y a pas de répit. Le sein est très sollicité donc il faut vraiment que ça ne soit pas douloureux. On m'a beaucoup répété qu'on pouvait allaiter des jumeaux donc qu'un seul sein suffisait à nourrir un bébé. Je me suis beaucoup raccrochée à ça.

 

Se faire confiance : la clé d’un allaitement serein

 

La consultante en lactation m'a dit de me faire confiance, que j'en étais capable. On a bien surveillé son poids. Au début, je pesais même ses couches pour être sûre qu'elle buvait assez. Et puis peu à peu, j'ai gagné en assurance. J’ai vu ses cuisses et ses joues se remplir. Elle semblait bien rassasiée. C’est à cet instant que j’ai arrêté de douter.

 

Mais quand Léonie était bébé, j'ai eu un moment de panique...

 

En sentant une petite boule dans mon sein. Je me suis dit que l'histoire se répétait, et je suis allée faire une mammographie et une échographie immédiatement.  Même si les clichés sont moins facilement lisibles quand on allaite, il est quand même possible pour un médecin de les analyser et de voir si tout va bien ou s'il y a un doute qui nécessite d'aller plus loin. Il faut savoir en fait qu'un sein allaitant est plus dense. Il y a plus de choses dedans. Résultat, parfois le médecin peut passer à côté d'un truc comme l'échographie est moins limpide que pour un sein non allaitant. Dans mon cas, tout était ok. Le cliché était assez lisible à cet instant T. L'oncologue n'a émis aucune objection. Donc finalement me voici partie pour un allaitement long !

 

Allaiter avec un seul sein ne me rends pas plus forte qu'une autre

 

Nous sommes toutes des battantes. On a toutes nos défis, nos obstacles. Je voudrais juste dire aux mamans qu'elles sont extraordinaires et qu'elles sont ce qu'il y a de mieux pour leur(s) enfant(s), peu importe leur choix. Faites vous confiance, et n'oubliez pas de prendre soin de vous, aussi : votre santé physique et mentale est votre bien le plus précieux.

 

Merci à toi Juliettepour ton témoignage et pour ton courage !

 

Crédit photo : Camilledk.photography