“Je me suis senti tellement impuissant dans notre parcours de PMA”

29 septembre 2022

Ovaires polykystiques… Endométriose.... Je n’avais jamais entendu tous ces termes avant de plonger dans le grand bain de la conception. On se dit que faire un bébé c’est facile… Mais quand nous avons dû affronter la dure réalité, ma conception de la procréation a viré à 360 degrés. Et soutenir ma femme a été la chose la plus dure à faire car je me suis senti bien plus spectateur qu’acteur.

Henry

Médicaments, rapports programmés, la PMA a été un parcours douloureux

On venait de se pacser. On avait envie de fonder une famille. Les vacances arrivaient, top. On pliait enfin bagage et on filait au soleil tous les 2. La meilleure période de l’année pour faire des câlins quand on en a envie, et tenter notre chance…

Mais au bout d’un an… Rien… Toujours rien…. Ma femme s’en veut…. On achète des tas de tests de grossesse sans jamais avoir la chance de les regarder heureux.

On se demande ce qu’il se passe… Pourquoi ça ne fonctionne pas. Ma femme consulte un gynécologue de ville… Renvoyée direct du cabinet avec pour mot d'ordre de se détendre, ça va venir, elle est trop pressée et avoir pris la pilule pendant des années peut perturber un certain temps le corps avant de fonctionner comme il faut… Mais elle n’y croit pas. 2e gynécologue. Même discours. 3e gynécologue : le diagnostic tombe après plein d’analyses : “votre ovulation n’est pas de bonne qualité et vous avez le syndrome SOPK”. Dans le jargon médical cela signifie ovaires polykystiques… Plein de follicules gravitent mais aucun d’eux n’a envie de prendre un peu de poids, de grossir et de négocier avec un de mes spermatozoïdes pour créer la vie.

Les galères, les frustrations de la PMA

Les traitements de PMA, les piqûres, les rapports programmés, l’attente… la prise de sang quand le cycle se termine, la déception… Tout cela pèse sur notre couple.

On se dispute même souvent. Ma femme en a marre, pleure. Moi ? Je la réconforte et lui demande d’être positive. Mais comme elle, j’en ai marre. On ne vit plus que pour cela. On s’interdit de bouger après une piqûre d’Ovitrelle (celle qui déclenche l'ovulation et le droit d'avoir un rapport). Elle m’ordonne de ne pas la toucher après cette piqûre car elle a peur que faire l'amour après les rapports obligatoires cela entraîne des ratés. On devient agressifs, sur les nerfs.

Ma femme est épuisée par la PMA car tous les mois on vit avec cette routine “hormones, piqûres, analyses, angoisse”. Moi, j’essaie de prendre sur moi mais c’est compliqué, je m’enferme sur mon téléphone avec mes jeux, comme un gamin qui n’a plus envie de voir la réalité en face et qui préfère se plonger dans un monde imaginaire.

Si on s’imagine que pour l’homme tenir le coup est moins compliqué car lui ne prend aucun traitement, c’est n’importe quoi.

Je n’en peux plus de voir ma femme dans cet état, je n’en peux plus d’attendre. Dans ma tête c’est l’enfer. J’angoisse à chaque consultation pour elle… Chaque écho pour surveiller les follicules est un supplice à J10, J11. La peur qu’on dise “non pas ce mois-ci, ils ne sont pas assez gros… Non pas ce mois-ci ils sont trop gros, vous risquez un kyste …”

Et sous la couette, si vous croyez que faire l’amour de manière imposée est agréable.

J’ai l’impression d'être un robot, un homme mécanique angoissé priant ses copains spermatozoïdes de faire le job, et de bien vouloir être un peu plus musclés. Car la coéquipière, elle, se donne un mal de fou pour que son corps veuille bien faire son boulot.

Quand les femmes évoquent leur corps et la PMA :

Le témoignage de Vanessa

Je me sens impuissant

Je ne sais plus comment la soutenir. Et je n’ose pas lui avouer mes sentiments.

Je suis lessivé moralement car je vois comme elle nos copains fonder des familles, accueillir des enfants. Et je n’ai d’ailleurs aucune envie de les congratuler.

Ils ont un enfant ? Je m’en moque. Car je n’ai pas envie de partager leur joie. Et leurs aléas. Changer la couche à 4 heures du matin, donner le biberon “pleinnnnn de fois dans la nuit” comme aime répéter l’un de nos proches… Si vous saviez comme j’en ai envie. Si vous saviez comme j’en rêve. Car oui un homme peut se plaire à aimer rêver de changer une couche ou qu’un bébé lui bave dessus tellement repu d’avoir bien mangé. Et je rêve de vivre cela avec ma femme.

Si on fait un bébé c’est pour le faire à 2, le vivre à 2, et galérer à 2. Je suis là pour elle. J’ai envie d’ être père et de gérer la vie de mon enfant.

La PMA est un parcours du combattant à 2. Des fois je rêve de pouvoir prendre les médicaments à sa place, de me faire piquer pour elle, et subir les injections d’Ovitrelle pour déclencher l’ovulation. Et je m’en veux dene pas piuvoir faire plus pour elle. Car les femmes sont tellement courageuses. Ma femme est une wonderwoman, une force de la nature. Une battante. Une guerrière. Si vous saviez comme elle nous porte. Je sais qu’elle fera une maman merveilleuse et je ferai tout pour lui être le plus fidèle dans cette vie de parents, l’homme le plus soutenant au monde.